Opération Exorcisme
Door Jemima Kulumba, op Tue Jun 10 2025 14:14:00 GMT+0000L'AfricaMuseum à Tervuren, jadis symbole de la domination coloniale belge, s’est métamorphosé en 2050 en épicentre culturel où les voix afrodescendantes résonnent avec une puissance inédite. Ce n’est plus un mausolée, mais un forum, un laboratoire, un champ de bataille intellectuel où la possibilité d’un avenir commun se déploie jour après jour.
Cette transformation ne s'est pas opérée sans douleur. Elle a exigé une forme d'exorcisme collectif, une purge profonde des fantômes coloniaux qui hantaient ses murs depuis sa création.
En 2027, l'institution traînait encore les stigmates de son passé, malgré une rénovation superficielle qui n'avait fait qu'effleurer la surface du problème. Un lifting architectural ne suffisait pas à déloger les spectres qui se cachaient dans les interstices de chaque vitrine, sous chaque pancarte explicative. Le musée était encore imprégné de cette vision binaire du monde : civilisé/sauvage, Europe/Afrique, dominant/dominé. C'est précisément cette dichotomie que l'institution a finalement renversée. Aujourd'hui, en 2050, alors que je déambule dans ces salles vibrantes d'énergie créatrice, je mesure le chemin parcouru. Ce n'est plus un mausolée dédié à l'entreprise coloniale comme on le vivait en 2020, mais un organisme vivant, pulsant au rythme des communautés qu'il représente.
La Révolution des Consciences
Le tournant décisif est survenu en 2030, lorsqu'une coalition d'artistes, d'intellectuels et d'activistes afro-descendants a occupé pacifiquement le musée pendant soixante-douze jours. Cette occupation, baptisée "Opération Exorcisme", ne visait pas la destruction mais la reconstruction. Les occupants ont transformé chaque salle en espace de dialogue, chaque vitrine en interrogation sur notre rapport au passé et à l'avenir. Le gouvernement belge, d'abord réticent, a finalement cédé face au soutien de l’opinion publique et à la légitimité indéniable des revendications. Un accord historique a été signé : le musée deviendrait une entité autonome.
L'ancienne directrice, une conservatrice formée à l'école traditionnelle de la muséologie européenne, avait déclaré à l'époque : ‘Ils veulent tuer le musée.’ Elle s'était trompée. Ils voulaient le ressusciter.
La Programmation Vertigineuse
Aujourd'hui, l'AfricaMuseum est devenu ce lieu incontournable que personne n'osait imaginer. Sa programmation défie les conventions et pulvérise les frontières entre disciplines.
Kisukidi: "Ces motifs géométriques que les colonisateurs considéraient comme 'primitifs' contenaient déjà tous les principes mathématiques de nos algorithmes contemporains."
Chaque premier vendredi du mois, le musée vibre au rythme des vernissages "Passé/Futur", concept aussi simple que révolutionnaire : un artiste contemporain afro-descendant dialogue avec une collection d'art africain traditionnel. Le dernier en date, qui a attiré une foule considérable, mettait en parallèle les installations textiles futuristes de Nadia Yala Kisukidi, artiste congolo-belge reconnue mondialement, et une collection de tissus Kuba du 19ème siècle. La confrontation créait des ponts temporels vertigineux, reliant les techniques ancestrales aux innovations les plus audacieuses.
"Je ne travaille pas sur le fil, je travaille avec le fil," avait expliqué Kisukidi lors de son vernissage. "Ces motifs géométriques que les colonisateurs considéraient comme 'primitifs' contenaient déjà tous les principes mathématiques de nos algorithmes contemporains. Ce n'est pas moi qui réinvente la tradition, c'est la tradition qui avait déjà tout inventé."
Les mardis sont devenus des rendez-vous médiatiques incontournables. Dans l'auditorium renommé "Lumumba", des débats retransmis en direct rassemblent jusqu'à cinquante mille spectateurs virtuels. La formule est immuable : trois experts afro-descendants internationaux, un modérateur, un sujet en lien avec l'exposition en cours. Pas de consensualité forcée, mais une confrontation d'idées brutalement honnête. La conférence la plus mémorable reste celle de février dernier sur "La mémoire des objets volés", où l'historienne camerounaise Axelle Djossou s'est violemment opposée à l'anthropologue haïtien Marc Bernier sur la question épineuse de la restitution des œuvres. "La restitution n'est qu'une masturbation morale si elle n'est pas accompagnée de réparations économiques concrètes," avait-elle lancé, provoquant un tollé médiatique et des débats parlementaires jusqu'au Sénat belge.
L'Engagement des Jeunes Générations
Le club de lecture "Racines et Ailes", créé en 2035, constitue l'un des succès les plus retentissants du musée. Une fois par mois, dans la salle des cartes coloniales reconvertie en bibliothèque immersive, des enfants de quatre à douze ans se rassemblent pour découvrir la littérature afro-descendante. Des auteurs comme Chimamanda Ngozi Adichie ou Nnedi Okorafor sont venus personnellement animer des sessions. "Nous ne voulions pas que les enfants afro-descendants grandissent comme nous, sans héros qui nous ressemblent dans les livres," explique Fatou N'Diaye, coordinatrice du programme. "Mais nous avons constaté un phénomène inattendu : les enfants blancs constituent désormais 40% de notre public. La littérature est un pont, pas un mur."

Pour les adultes, les sessions "Paroles Incandescentes" attirent l'élite intellectuelle internationale. L'écrivaine américaine Tayari Jones y a présenté en avant-première mondiale son dernier roman, “Les Filles de Léopold”, une fiction historique hallucinée sur les descendants des victimes du Congo belge, entremêlant réalisme magique et analyse sociologique.
La Nuit des Objets Réanimés
Il est minuit passé. Le musée devrait être plongé dans l'obscurité, silencieux, endormi comme toute institution respectable. Pourtant, l'AfricaMuseum pulse d'une énergie fébrile. Des centaines de personnes – pas des touristes ordinaires, plutôt des pèlerins d'un genre nouveau – sont rassemblées dans la rotonde centrale, formant un cercle parfait autour d'une compteuse âgée vêtue d'un boubou indigo. "La Nuit des Objets Réanimés" vient de commencer.
Cette tradition mensuelle, lancée en 2039, représente l'une des initiatives les plus radicales et controversées du musée. Une fois par mois, un soir de pleine lune, le musée ouvre ses portes de 22 heures à l'aube, transformant ses salles en espaces de narration et d'explication des pratiques spirituelles africaines. Ces objets, jadis décrits dans un jargon ethnographique stérile qui les vidaient de leur pouvoir et de leur contexte, retrouvent leur dimension sacrée à travers les voix qui les racontent désormais.
"Ces masques n'étaient pas des sculptures décoratives, putain!" s'exclame Aminata Diop, anthropologue sénégalaise au verbe cru et direct. C'étaient des technologies spirituelles sophistiquées, des interfaces entre le visible et l'invisible. “Les colons les ont arrachés à leur contexte comme on arracherait une carte mère d'un ordinateur, puis se sont étonnés que ça ne fonctionne plus.”
La salle consacrée aux masques Dogon est plongée dans une semi-pénombre délibérée. Bakary Sangaré, initié malien et docteur en philosophie, explique avec patience: "Ces masques que vous voyez n'étaient jamais exposés à la lumière permanente. Ils dormaient dans des grottes sacrées, sortaient lors de rituels précis, puis retournaient dans l'obscurité. Les maintenir ainsi, sous vos yeux, en permanence, c'est comme forcer un humain à rester éveillé pendant des années – une forme de torture."
La reconceptualisation de ces objets comme "technologies spirituelles" plutôt que comme "artifacts primitifs" constitue la révolution épistémologique centrale de ces soirées. Le musée abandonne temporairement son rôle de présentateur distant pour devenir un espace d'immersion et de transmission directe.
Jean-Baptiste Mbembe: "Les coloniaux ont créé une séparation artificielle entre science et spiritualité, entre raison et intuition."
"Les coloniaux ont créé une séparation artificielle entre science et spiritualité, entre raison et intuition," explique le philosophe congolais Jean-Baptiste Mbemba. "Cette dichotomie n'existait pas dans les cosmogonies africaines traditionnelles. Un masque était à la fois un objet esthétique, un outil scientifique d'observation astronomique, un dispositif médical et une technologie de communication avec l'invisible. Cette complexité a été délibérément effacée pour justifier le vol et l'appropriation."
Dans la salle des "fétiches à clous" nkisi du Congo – terme colonial remplacé aujourd'hui par "objets de pouvoir" – une démonstration pratique est en cours. Marie-Louise Mumba, prêtresse et biologiste moléculaire, explique aux spectateurs fascinés le processus pharmacologique derrière la création de ces objets: "Ces substances incrustées dans la statuette n'étaient pas des ingrédients 'magiques' au sens naïf. C'étaient des composés chimiques actifs, soigneusement sélectionnés pour leurs propriétés médicinales et neurologiques. La dimension spirituelle et la dimension biochimique étaient indissociables."
Ce qui frappe, c'est l'absence de condescendance ou d'exotisation dans cette approche. On est loin du chamanisme de supermarché ou de l'appropriation culturelle new-age. La rigueur intellectuelle se mêle à une dimension sensible, sans hiérarchisation. Ces nuits attirent autant de professeurs d'université que de praticiens spirituels contemporains.
"Nous ne faisons pas du théâtre," insiste Kofi Amoah, commissaire ghanéen responsable du programme. "Nous ne reconstituons pas des rituels pour le plaisir voyeuriste d'un public blanc. Nous expliquons des systèmes de connaissance complexes qui ont été délibérément effacés et ridiculisés pour justifier la domination coloniale."
La dimension politique de ces nuits est explicite, sans être catégorique. Il ne s'agit pas simplement de changer les cartels explicatifs ou de restituer quelques objets emblématiques, mais de bouleverser profondément notre rapport à ces objets et aux cultures qui les ont produits. Le parcours nocturne se poursuit dans une salle habituellement fermée au public, où sont conservés des objets considérés comme particulièrement puissants. Ici, pas de photos autorisées, pas d'enregistrements. Les téléphones sont scellés dans des pochettes électromagnétiques à l'entrée – non par superstition, mais par respect pour la dimension privée de la transmission qui s'y déroule.
Les téléphones sont scellés dans des pochettes électromagnétiques à l'entrée – non par superstition, mais par respect pour la dimension privée de la transmission qui s'y déroule.
"Certaines connaissances ne sont pas destinées à être diffusées sur TikTok," explique avec un sourire ironique Priscilla Oba, gardienne yoruba. "Pas parce qu'elles sont secrètes au sens conspirationniste, mais parce qu'elles requièrent un contexte, une préparation, une responsabilité." Cette approche dérange certains visiteurs occidentaux, habitués à considérer qu'ils ont un droit inaliénable d'accès à toute information, à tout savoir. "L'idée qu'il puisse exister des limites légitimes à la diffusion de certaines connaissances est en soi une leçon d'humilité que beaucoup peinent à accepter," observe l'anthropologue martiniquaise Laura Césaire. "C'est pourtant une évidence dans de nombreuses traditions spirituelles africaines : certains savoirs exigent une préparation, un engagement, une responsabilité."
La dimension narrative est centrale dans ces nuits. Les objets ne sont plus décrits dans un jargon académique déshumanisant, mais à travers des récits qui restituent leur contexte vivant. Des griots professionnels, formés dans la tradition orale ouest-africaine mais aussi titulaires de doctorats en histoire ou en anthropologie, tissent des récits captivants qui tiennent les visiteurs en haleine jusqu'à l'aube.
L'écrivain congolais Fiston Mwanza Mujila, invité spécial de cette nuit, lit des extraits de son dernier roman qui imagine la vie secrète des objets dans les réserves des musées européens pendant la nuit. Son récit, entre Stephen King et Sony Labou Tansi, peuple l'obscurité du musée de présences invisibles mais palpables. À certains moments, un frisson parcourt l'assistance. L'atmosphère devient électrique, comme si les objets écoutaient leurs propres histoires être racontées.
"Ces objets ne sont pas morts," affirme Mujila. "Ils sont en état de dormance forcée, comme des graines qui attendent la saison des pluies. Ces nuits sont comme une brève averse dans un désert de silence centenaire."
Vers quatre heures du matin, quand la fatigue rend les défenses psychiques plus perméables, commence la partie la plus controversée de la nuit : les "consultations". Des praticiens spirituels contemporains, issus de traditions africaines revitalisées et adaptées au monde moderne, proposent aux visiteurs qui le souhaitent des formes de divination ou de guérison devant certains objets rituels.
Cette pratique a suscité une levée de boucliers dans le monde muséal traditionnel. "Vous transformez un musée en temple New Age," s'était indigné l'ancien directeur du musée de la Ville de Bruxelles. "Vous confondez science et superstition," avait renchéri un critique d'art du Figaro.

"Ces critiques révèlent surtout la persistance d'une vision coloniale qui refuse aux traditions africaines toute contemporanéité et toute légitimité," réplique Oumou Sangare, psychologue et initiée de la tradition vodun. "Qualifier de 'superstition' des pratiques spirituelles africaines tout en considérant comme 'patrimoine culturel' des rituels chrétiens similaires trahit un ethnocentrisme tenace."
La dimension thérapeutique de ces nuits est revendiquée, tant pour les descendants des colonisés que pour ceux des colonisateurs. "Nous offrons un espace de reconnaissance et de réconciliation," explique Kofi Amoah. "Ces objets portent une histoire traumatique double : celle de leur arrachement violent à leur contexte d'origine, et celle des atrocités coloniales qu'ils ont indirectement sanctionnées en alimentant un discours sur la 'primitivité' africaine."
L'aube approche. Dans la rotonde centrale, un rituel de clôture s'organise spontanément. Les participants, épuisés mais électrisés par cette nuit d'immersion, forment un cercle. La prêtresse congolaise qui avait ouvert la cérémonie prend la parole: "Ces objets que vous avez découverts cette nuit ne sont pas des curiosités exotiques. Ils sont des témoins, des survivants, des résistants. Ils ont traversé l'océan et les siècles. Ils ont vu des empires s'effondrer. Ils nous voient aujourd'hui tenter de réparer l'irréparable. Ils verront demain ce que nous n'imaginons pas encore."
Le jour se lève sur l’AfricaMuseum, les visiteurs sortent un à un, clignant des yeux dans la lumière matinale, comme s'ils émergeaient d'un rêve collectif ou d'un voyage temporel. Certains pleurent sans bruit. D'autres discutent avec animation. Quelques-uns marchent en silence, absorbés dans leurs pensées.
"Ces nuits ne cherchent pas à créer une expérience sensationnelle ou terrifiante comme un film d'horreur," précise en conclusion Kofi Amoah. "Elles visent à restaurer une dimension fondamentale que le musée colonial avait délibérément excisée : la puissance vivante des objets, leur capacité à être des médiateurs entre mondes, époques et consciences. C'est précisément ce pouvoir qui les avait rendus si menaçants aux yeux des colonisateurs qu'il fallait les neutraliser, les académiser, les muséifier."
La Technologie au Service de la Mémoire
L'AfricaMuseum s'est positionné comme laboratoire d'innovation technologique au service de la mémoire collective. Chaque année, le musée présente une nouvelle technologie lors de son festival "Futurs Possibles". L'année dernière, l'installation "Ancêtres Numériques" a fait sensation : grâce à l'IA générative de quatrième génération, les visiteurs pouvaient dialoguer avec des personnages historiques recréés à partir d'archives orales et écrites.
J'ai personnellement eu une conversation troublante avec une "version" de Patrice Lumumba, dont les réponses, générées par algorithme mais basées sur ses discours et écrits, provoquaient une sensation de vertige temporel. Quand je lui ai demandé ce qu'il pensait du musée actuel, l'IA a répondu avec une troublante authenticité : "Je ne reconnais pas ces murs, mais je reconnais enfin la dignité qui y règne." Cette technologie n'est pas qu'un gadget spectaculaire. Elle sert un objectif pédagogique précis : donner chair et voix à des figures historiques souvent réduites à quelques paragraphes dans les manuels scolaires européens.
Gouvernance Révolutionnaire
La gouvernance du musée constitue peut-être sa révolution la plus radicale. Le conseil d'administration, renouvelé tous les deux ans, comprend cinq citoyens tirés au sort parmi les candidatures et cinq experts cooptés. La parité afro-descendants/non-afro-descendants est strictement respectée.
Cette structure a engendré des décisions audacieuses et parfois controversées. En 2047, le conseil a voté à l'unanimité l'installation permanente "Salles des Bourreaux", où sont exposés les portraits et biographies des administrateurs coloniaux responsables d'exactions. Cette décision a provoqué une tempête politique et des manifestations organisées par les descendants de ces administrateurs. "Un musée n'est pas un lieu de confort, mais un lieu de vérité," avait alors déclaré Souleymane Diallo, président du conseil. "Nous n'effaçons pas l'histoire, nous la confrontons dans toute sa laideur et sa complexité."
La rotation des commissaires d'exposition tous les deux ans a également instauré une dynamique d'innovation permanente. Chaque nouveau commissaire apporte une vision radicalement différente, empêchant l'institution de s'ossifier dans une vision figée.
Un Modèle Exportable?
Alors que j'achève ma visite, je me demande si le modèle de l'AfricaMuseum est exportable à d'autres institutions empêtrées dans leur héritage colonial. Le British Museum à Londres, le Quai Branly à Paris, le Weltmuseum à Vienne – tous ces musées observent avec un mélange d'admiration et d'appréhension l'expérience belge.
La décolonisation véritable implique une redistribution radicale du pouvoir de narration, une refonte complète des structures de gouvernance, et surtout, une acceptation sereine de l'inconfort intellectuel et émotionnel qu'implique la confrontation avec les crimes du passé.
Certains y voient une destruction du concept même de musée. D'autres, plus lucides, y reconnaissent sa réinvention nécessaire. La leçon fondamentale de Tervuren est peut-être celle-ci : la décolonisation véritable ne consiste pas à ajouter quelques cartels explicatifs à des collections problématiques, ni même à restituer physiquement certains objets. Elle implique une redistribution radicale du pouvoir de narration, une refonte complète des structures de gouvernance, et surtout, une acceptation sereine de l'inconfort intellectuel et émotionnel qu'implique la confrontation avec les crimes du passé.
L'AfricaMuseum n'est pas parfait – aucune institution humaine ne l'est. Des tensions persistent, des débats font rage sur certaines orientations, des compromis sont parfois nécessaires. Mais ces tensions mêmes sont le signe d'une institution vivante, qui a cessé d'être un mausolée pour devenir un forum, un laboratoire, un champ de bataille intellectuel où se joue, jour après jour, la possibilité d'un avenir commun.
Les fantômes sont toujours là, mais ils ne hantent plus. Ils témoignent.
La traduction néerlandaise est disponible ici.

This article was published in the context of Come Together, a project funded by the European Union.